Accueil
 
Arbre généalogique
 
Les indispensables
 
Histoire de la famille
 
Galerie FRANCOIS - LENOBLE
 
Galerie PORTES - VAULET
 
Galerie artisanale
 
Liens utiles
 
Contact
Parutions en presse


Actualité

Le naufrage du paquebot l'Afrique refait surface

Le bateau avait sombré au large des Sables, en 1920, faisant 568 disparus. Une stèle sera érigée en leur mémoire, aujourd'hui, avec un dépôt de gerbes samedi lors de la Grande Bordée.

« L'Afrique est un drame oublié ». Roland Mornet sait de quoi il parle. Les histoires de naufrages sur nos côtes, il en connaît quelques-unes. Et celle du paquebot L'Afrique, coulé le 12 janvier 1920 à proximité du plateau de Rochebonne, à 42 km du port des Sables, l'a toujours fasciné. Ancien marin pêcheur, puis commandant de La Pélagie ou du Gwen Drez, pour l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), il est incollable sur le sujet. « J'ai décortiqué toute l'affaire ». Depuis 15 ans, il écume en effet les archives et les bibliothèques pour amasser des informations sur ce naufrage. Documents météo, presse de l'époque, enquêtes, archives...

Une voie d'eau déjà dans l'estuaire de la Gironde

Tout y est passé pour reconstituer le parcours du paquebot. « En sortant de l'estuaire de la Gironde, le bateau avait déjà une voie d'eau. Il faisait mauvais temps, ce qui a aggravé l'avarie », détaille le spécialiste. Car ce dernier est catégorique quant aux causes de l'incident : « Il n'a pas heurté le plateau de Rochebonne ». Le naufrage de l'embarcation, qui transportait 467 passagers et 135 membres d'équipage, aurait donc été causé par un mauvais concours de circonstances. « Car il n'a pas pu être remorqué par Le Ceylan, qui passait pourtant à proximité ». L'Afrique a ensuite percuté un bateau-feu (servant de balise à l'époque) à plusieurs reprises, provoquant sa fin tragique à « 3 h 15 du matin ». À cause du mauvais temps, femmes et enfants ne pourront pas prendre place à bord des canots de survie. Le bilan sera terrible, avec 568 victimes. « Parmi elles, il y avait notamment des tirailleurs africains, l'évêque Jalabert ou encore le capitaine du navire, Antoine Le Dû ». 28 corps seront retrouvés sur les côtes sablaises. « C'est là que le plus grand nombre a été découvert », souligne Roland Mornet.

D'où l'idée de la réalisation d'une stèle, qui sera installée à proximité du mur des péris en mer, vendredi, la veille de la Grande Bordée. « L'occasion de donner un peu de solennité à tout cela », assure Roland Mornet. Cette stèle, payée par l'association qu'il a créée pour l'occasion, sera donc l'aboutissement d'une procédure entamée il y a cinq ans par notre « rat d'archives », comme il se plaît à se baptiser. Une façon pour que ce « naufrage oublié, parce qu'il s'est produit peu de temps après la guerre et en pleine période électorale... », remonte à la surface de nos mémoires. La Grande Bordée lui en donne l'occasion.

Mathieu GRUEL.

Pratique. Roland Mornet est l'auteur de La tragédie du paquebot Afrique, chez Geste Éditions. Il est par ailleurs le secrétaire de l'Association des descendants et sympathisants des naufragés du paquebot Afrique. Renseignements 02 51 32 71 60.

Article paru le 08/09/2006
 ________________________________________________________________________________________________________________________
 
Poème de Paul-Emile PAJOT
Naufrage du paquebot Afrique

A la mémoire de Monseigneur JALABERT
Evèque de Télepte, préfet apostolique du Sénégal et vicaire apostolique de la Sénégambie
Congrégation du Saint-Esprit

Monseigneur JALABERT devait prendre un autre bateau (le Cap Ortégal)
or il changea son billet pour voyager avec mon arrière grand-père, son ami,
le capitaine Joseph PORTES - chevalier de la Légion d'Honneur
décédé le même jour lors du naufrage.
(Cela nous a été rapporté par ma grand-mère, fille de Joseph PORTES)

La guerre, hélas! fait pleurer bien des mères !...
Combien de nos vaillants, tombés à la frontière ...
Auront à leur trépas, à l'entrée des grands bois,
L'ombre silencieuse, muette d'une croix !...

C'est qu'ils auront quelqu'un qui pourra venir voir,
L'endroit où sont tombés, pour la France, un beau soir
Tant de nos braves gars! Et leur tombe chérie
Sera sûre à présent d'être toujours fleurie.

Mais que dire de ceux qui sont tombés là-bas!
Aupès de Rochebonne? Le plateau du Trèpas!
Devrait-on le nommer, car il mérite en somme,
Un nom moins beau, pour sûr que nom de Rochebonne.

Rochebonne! Hécatombe! Caveau de nos marins.
Rochers épouvantables, effroi du genre humain,
Combien de malheureux en franchissant tes crêtes
Disparurent à jamais, vaincus par les tempêtes!

On croirait dans la nuit, quand on le voit briser,
Que des nuées de démons semblent vouloir hurler,
A la mort toute proche, quand passent les navires,
C'est la voix d'Orcanie! La gueuse qui délire !...

C'est le onze janvier, que partait, magnifique,
De Bordeaux, pour Dakar, le paquebot Afrique;
Emportant dans ses flancs, avec leur espérance,
Plus de six cents personnes, ayant quitté la France,

Pour le beau Sénégal! Splendide colonie...
Unie par de doux liens à la mère patrie
Des soldats, des colons, avec des ouvriers,
Artisans, négociants, s'en allaient essaimer

Là-bas, tous heureux et fiers de la victoire,
L'honneur, nom français, resplandissant de gloire!
La tempête sur le soir était des plus violentes.
Le navire fatiguait, roulé par la tourmente...

Quand soudain la machine ne fonctionne plus.
Alors chacun se dit : tout espoir est perdu!
C'est que chaque marin connaissait les parages
Du récif dangereux qui fit tant de naufrages.

Le navire prenait eau et ne gouvernait plus.
Les soutes étaient noyées. Le commandant Le Dû,
Fit lancer un radio reçu par le Ceylan,
Qui partit au secours du pauvre bâtiment.

L'Afrique pendant ce temps, dérivant, était proche,
De Rochebonne, hélas! et, donnant sur les roches,
par trois fois talonna les récifs dangereux,
Du plateau d'Orcanie, montrant à tous les yeux,

Ses lames gigantesques, aux crêtes échevelées;
Hautes d'au moins cent pieds, terribles, dénaturées!
C'est là, qu'en ce moment, avec ses missionnaires
Un évèque, un grand homme, aux traits purs et austères

Etendant ses deux mains, sur tous ces malheureux,
D'un grand geste large, les recommande à Dieu!
Le brave commandant lié à la passerelle,
Dit à ses officiers : Que l'on arme les canots!

Mais aucun passager, voyant le flot rebelle,
Ne veut quitter le bord. Alors c'est par monceaux,
Que la mer vient les prendre, par grappes entières...
Quelques Sénégalais, avec des matelots,

Prennent deux baleinières, avec quelques radeaux,
Il faut savoir nager pour se tirer d'affaire.
Dans une lame énorme, l'Afrique se soulève,
Et va heurter le phare flottant où elle s'achève,

Car bientôt c'est la fin! Il ne reste à présent
Sur le vaisseau broyé, que deux hommes râlant.
Le commandant Le Dû, et près de lui, stoïque,
Monseigneur Jalabert, deux hommes héroïques,

Ils restent les derniers et, dans quelques instants,
Eux aussi vont mourir. Alors mutuellement,
Ils se serrent la main et plongeant dans l'abîme,
Disparaissent bientôt ces deux grandes victimes,
Victime du devoir! Victime de la foi!
Ô France! de ces martyrs, pour toujours : Souviens-toi.

Le 3 février 1925, Paul-Emile PAJOT
© 2010 Alain FRANCOIS